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Au cœur de la Cité éducative : rencontre avec Corinne Hetzel, REV à l'école ORAN
La Cité éducative est heureuse de mettre à l'honneur Corinne Hetzel, Responsable Éducatif Ville (REV) à l'école élémentaire Oran. À travers cet entretien, cette professionnelle passionnée et engagée nous dévoile les multiples facettes de son métier, les défis quotidiens auxquels elle fait face, et les projets qui la rendent fière, notamment le rallye lecture, tout en soulignant l'importance cruciale des activités périscolaires dans le développement des enfants. Préparez-vous donc à découvrir les coulisses du métier de REV à travers le récit inspirant de Corinne.
1. Bonjour Corinne. Peux-tu nous parler brièvement de ton parcours (formation, postes précédents, ancienneté dans ta fonction actuelle...)
Après avoir poursuivi des études en histoire de l'art et en documentation, j'ai d'abord tenté le CAPES avant de décider de venir à Paris pour terminer mon cursus. J'ai travaillé en tant que bibliothécaire documentaliste dans des institutions comme le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, le centre national du théâtre. Par la suite, je me suis orientée vers la spécialisation d'iconographe et suis devenue intermittente du spectacle, collaborant plusieurs années avec une entreprise de production audiovisuelle.
J'avais obtenu mon BAFA durant mes années étudiantes mais ma reconversion dans l'animation en 2006 s'est effectuée tardivement, après 35 ans. Cette transition a été motivée par le manque d'opportunités dans mon domaine professionnel d'origine. J'ai commencé à travailler dans le 18ème arrondissement, déjà, mais aussi dans le 8ème et le 9ème . À la suite de ma titularisation en 2007, ma carrière a rapidement évolué et, en 2009, j'ai été promue directrice de centre de loisirs, prenant en charge les écoles maternelles Cloÿs et Ruisseau.
En 2013, dans le cadre de la réforme des rythmes éducatifs, on m’a proposé, comme à mes collègues directeurs de centre de loisirs, de devenir Responsable Éducatif Ville (REV) et de contribuer à la mise en œuvre des nouveaux rythmes éducatifs. À cette époque, j'étais en charge des deux écoles Ferdinand Flocon (le 3 et le 5), gérant les deux sites pendant deux ans, avant de devenir REV pour le 5 Ferdinand Flocon jusqu'en 2019. Cette année-là, j'ai quitté le secteur de la mairie du 18ème, où j'avais œuvré pendant 10 ans, pour occuper le poste de REV à l'école Oran.
2. Quelles sont tes principales responsabilités en tant que REV ?
Mon travail demande une certaine polyvalence, mais ma priorité absolue est de veiller à la sécurité physique, morale et affective des enfants dont j’ai la responsabilité sur les temps périscolaires.
Deuxièmement, je suis chargé de la supervision et de la formation de l'équipe d'animateurs et d'animatrices qui sont en poste à l’école élémentaire Oran. Cette tâche requiert des compétences en management très diverses, notamment en matière d'écoute active, d'évaluation et de résolution de conflits, afin d'assurer une cohésion d'équipe et une qualité d'encadrement optimales.
Enfin, je suis chargé et la mise en œuvre du Projet Éducatif De Territoire (PEDT) au sein de l’établissement scolaire. Cela comprend la conception et la réalisation de divers projets éducatifs, allant du projet de fonctionnement général de l'établissement à des projets pédagogiques spécifiques, en passant par la création d’animation ciblées. La réussite de ces initiatives dépend fortement de l'engagement de toute l'équipe d'animation qui doit faire preuve de curiosité, d’ouverture d’esprit et de polyvalence.
3. Qu'est-ce qui t'a motivée à choisir ce métier ?
Au regard de mon parcours professionnel, le retour à l'animation était pour moi une nécessité. Celle de créer des projets en collaboration avec et pour les enfants, qu'il s'agisse d'activités manuelles ou d’actions qui appellent des compétences spécifiques telles que la photographie, la teinture végétale, etc. On ne peut exercer ce métier sans une véritable vocation de transmission et de partage auprès du public, et plus particulièrement auprès des plus jeunes. Par ailleurs, je prends beaucoup de plaisir à élaborer et à concevoir des projets en équipe, qui mettent en valeur les savoir-faire des animateurs et leur passion. C'est l'occasion pour eux de partager leurs compétences sur une durée déterminée, que ce soit le temps d'une journée, une fois par semaine ou encore toute l'année.
4. En quoi consiste une journée type pour toi en tant que REV ?
La journée s'articule autour de différentes tâches :
- Gestion administrative : une partie de mon temps de travail journée est consacrée à assurer le bon fonctionnement de l'équipe en remplaçant notamment les animateurs absents. Je m'occupe également des aspects administratifs liés à la présence des enfants, la planification des vacances, les congés de l'équipe, en réponse aux demandes de la CASPE ou de la DASCO.
- Présence auprès des enfants et de l’équipe : être sur le terrain auprès des enfants et de l'équipe est essentiel. Mon rôle quotidien consiste à anticiper et résoudre toute problématique liée à la sécurité, aux règles de vie, ainsi qu'à faciliter la communication avec l'équipe éducative et les parents. La flexibilité est de mise pour assurer le bon déroulement des activités, intervenir en cas d'urgence ou remplacer un animateur absent. En tant que responsable, montrer l'exemple est aussi une de mes valeurs fondamentales, surtout en situation de sous-effectif. Cela peut m'amener à prendre en charge directement des activités avec les enfants, participer à la cantine, ou m'impliquer dans des ateliers.
- Participation à des réunions et formations : ma fonction implique que je participe régulièrement à des réunions au sein de l'école, du secteur et de l'arrondissement, que ce soit à la CASPE, en mairie ou à la DASCO. Je bénéficie également de formations pour développer mes compétences.
- Coordination de projets éducatifs : une partie importante de mon travail consiste à conduire ou participer à des projets, que ce soit par le biais de tâches administratives (mails, réunions, commandes de matériels…) ou par des discussions en lien avec des membres de l'équipe ou des intervenants extérieurs.
- Préparation des vacances : enfin, la préparation des petites et grandes vacances peut être chronophage. Il faut concevoir le planning avec l'équipe, trouver et réserver des sorties, et gérer le budget. Cette charge de travail revient régulièrement entre chaque période de vacances.
5. Quels sont les défis auxquels tu es confrontée dans ton travail au quotidien ?
Le premier et le plus important défi auquel je suis confrontée est d'assurer constamment la sécurité des enfants. Cela implique de respecter scrupuleusement les taux d'encadrement durant tous les temps périscolaires, ce qui nécessite une planification minutieuse pour remplacer les animateurs absents et pourvoir les postes nécessaires. Maintenir cet équilibre est crucial car il permet à l'équipe d'accomplir ses missions efficacement, notamment en offrant des animations de qualité, en se montrant présent pour chaque enfant et en restant disponible à tout moment. Lorsque nous sommes en sous-effectif ou à flux tendu, la qualité est immédiatement impactée. Cela se traduit par une moindre disponibilité pour les enfants, un nombre trop élevé d'enfants par animateur, et inévitablement, une baisse de la qualité de notre travail.
Un autre défi de taille est lié à l'augmentation des effectifs d'enfants ayant des besoins particuliers. Il s'agit de trouver des solutions adaptées pour améliorer leur accueil et leur intégration, qu'il s'agisse de handicaps, d'allergies sévères, de problèmes comportementaux ou de difficultés d'attention.
En tant que responsable du rallye lecture, en collaboration avec la BCDISTE, je suis souvent en contact direct avec les enfants. Le défi personnel auquel je suis confrontée est de réussir à jongler entre toutes ces responsabilités essentielles et celles que j'ai choisies par passion et par choix.
6. Quel est le projet que tu as mené (que tu mènes…) et dont tu es la plus fière ?
Parmi les projets que j'ai eu l'occasion de mener, je dirai que c’est sans aucun doute le rallye lecture, qui en est à sa quatrième édition cette année. Travailler aux côtés de ma collègue Carole Seux sur la création de ce projet très enrichissant nous a offert l'opportunité d'explorer de nouveaux horizons littéraires. Ensemble, nous avons découvert des auteurs et autrices fascinants, confronté nos goûts littéraires et élargi le rallye à des univers et thématiques pas encore abordés.
Professionnellement, j'ai rarement été aussi loin dans l'accompagnement des enfants et voir l’impact du projet sur eux est vraiment gratifiant : en . termes de réussite, de fierté, de confiance en soi (achever le rallye), d'intérêt pour une pratique (la lecture, les mots, les histoires, les personnages), le partage (parler de ses lectures, partager avec les autres enfants, échanger son point de vue, dire son avis, créer du lien).
7. Comment vois-tu l'importance des activités périscolaires pour le développement des enfants ?
Les activités périscolaires jouent un rôle crucial dans le développement global des enfants, à condition qu'elles soient conçues avec des objectifs clairs, précis et proposées dans un cadre serein Avec du recul, et cela fait 10 ans que j'organise des TAP dans différentes écoles, j'ai pu constater l’impact significatif de ces temps sur les enfants. Ces activités leur offrent la possibilité de mobiliser et de développer des compétences qui ne sont pas toujours travailler sur le temps scolaire. Par exemple, elles permettent d'affiner la motricité fine à travers des activités manuelles, d'éveiller l'imagination et la créativité grâce à des projets artistiques, et d'initier les enfants à une diversité de domaines tels que la musique, le vélo ou encore la réalisation vidéo. Ces temps périscolaires offrent aux enfants l'opportunité d'explorer de de tester différents loisirs et d'expérimenter de nouvelles passions à court ou moyen terme.
8. Quels sont les moments les plus gratifiants que tu as vécus dans ton rôle de responsable périscolaire ?
Les cérémonies de clôture du rallye lecture à l'école Oran se sont révélées, année après année, être des moments formidables. Elles marquent non seulement la fin d'un projet enrichissant pour toutes et tous mais aussi le début d'une attente impatiente pour le lancement de la prochaine édition.
9. Pouvez-vous nous décrire comment se déroule la collaboration entre vous et le directeur de l'école, Olivier Pluvinage ?
Nous échangeons quotidiennement avec Olivier sur les informations importantes. Généralement, j'arrive à l'école après lui et je m'assure systématiquement de lui rendre visite. Cela lui donne l'occasion de me transmettre ce qu'il a appris des parents le matin lors de l'arrivée des enfants à l'école, ainsi que les informations qu’il a pu recevoir par ailleurs. De mon côté, je lui propose un debriefing éventuel sur les événements qui ont eu lieu la veille durant les heures périscolaires. Nous avons développé une vraie qualité de dialogue qui passe aussi parfois par des discussions plus informelles sur un film, un livre, une exposition qui nous a marqué, comme le font classiquement deux collègues.
Sur les projets mis en œuvre, l'équipe enseignante et l'équipe périscolaire développent chacune leurs actions spécifiques. Cependant, nous veillons à nous informer mutuellement, et je suis régulièrement invitée aux moments clés, que ce soit pour une restitution ou une activité spéciale. Cela me permet de participer à certaines actions scolaires pendant mes heures de travail.
Enfin, je suis également présente aux conseils d'école tout au long de l'année, ce qui favorise une meilleure collaboration avec le corps enseignant et avec les parents d’élèves. De plus, Olivier et moi prenons l'initiative d'organiser une réunion commune entre les équipes scolaire et périscolaire lors de la journée de prérentrée. Cette rencontre est essentielle pour croiser nos priorités pour l'année à venir et planifier nos actions futures de manière cohérente.
10. Y a-t-il eu des situations où cette collaboration a été essentielle pour résoudre un problème ?
Oui, par exemple, juste avant les vacances d'avril, nous avons été informés que nous devions accueillir en urgence deux enfants nécessitant un changement immédiat d'école. Olivier et moi avons immédiatement travaillé de concert pour mobiliser nos services respectifs afin de collecter et partager toutes les informations disponibles concernant la situation de ces enfants. Il s'est avéré que, sur certains aspects, les informations détenues par la Ville étaient plus complètes, tandis que sur d'autres, c'était l'Éducation nationale qui disposait de données plus précises. Grâce à cette synergie et complémentarité, nous avons réussi à élaborer en un temps record une stratégie d'accueil adaptée pour ces enfants, assurant ainsi leur intégration rapide et efficace à l'école. Sans cette étroite collaboration, il est indéniable que leur arrivée aurait été nettement plus complexe à organiser.